Éduquer aux médias, c‘est d’abord alphabétiser

Très souvent, l‘approche critique des médias est présentée comme une démarche de prévention face à des dangers que le consommateur débutant ne pressentirait pas intuitivement. Quoi de plus normal, dès lors, que la pratique s’insinue de façon alarmiste dans les foyers et les écoles, et qu’elle prenne résolument une tournure vaccinatoire. Or, on ne présente pas les choses de la même façon quand on apprend à lire et à écrire, alors qu’il s’agit là aussi d’alphabétisation. Bizarre, non ?

Imaginons un instant que l’on s’inspire de l’Education aux médias telle que beaucoup la conçoivent pour parler de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Lire et écrire deviendraient tout d’un coup des pratiques dangereuses pour lesquelles la sensibilisation s’envisagerait alors prioritairement sous l’angle de la prévention. En ce sens, on mettrait en garde l’apprenant afin qu’il évite tout écart de langage et pour qu’il ne commette jamais d’écrits dont il ne supporterait que difficilement la paternité ! En recourant à la caricature, mais sans donner pour autant l’impression de le faire, on rappellerait en s’en inquiétant que, trop souvent, les premiers mots que l’on apprend dans une langue étrangère sont des … gros mots ! C’est bien la peine ! Et l’on sermonnerait le débutant en rappelant que les écrits restent et engagent gravement leur auteur. Mieux encore : en s’inspirant de ce spot télévisé qui fait débarquer certains acteurs bien sentis de l’Internet au domicile d’un Arthur plutôt insouciant quand il surfe [1], on pourrait mettre en scène un tribunal où comparaîtraient les parents d’un enfant ayant appris à écrire. Haro sur le criminel ! Quel crime, direz-vous ? Des graffitis muraux, des chèques en blanc, des écrits de propagande ou de délation, des injures ou des menaces de mort, des faux en écriture par usurpation d’identité ! Voilà en effet ce que permet l’apprentissage de l’écriture. Et la lecture est, tout autant, la porte ouverte à de mauvais usages : soumission béate aux campagnes publicitaires, par exemple, et autres horoscopes, complaisance pour des écrits pornographiques ou incitant à la débauche, consultation de manuels décrivant la confection d’explosifs, etc. Pensez donc ! Savoir lire et écrire, l’amorce des pires dérapages !

N’est-ce pourtant pas ainsi qu’est souvent présentée l’Education aux médias, quand on parle des dangers de l’Internet et de la manipulation médiatique ? Combien de situations sont choisies dans ce registre de la prévention vaccinatoire pour réclamer que l’on informe sur les dérapages médiatiques ? On prétend alors même qu’une saine Education aux Médias devrait aboutir à la diminution de la consommation médiatique. À tout le moins, à rendre le consommateur avide de plus grande qualité dans les produits qu’il consomme en développant chez lui une capacité d’argumentation esthétique qui l’amène à justifier ses choix.

Question de conduite

Stop ! C’en est assez ! Bien sûr, toute pratique n’a pas que ses bons côtés. Mais à ne privilégier qu’un aspect des choses, on oriente gravement le débat… et les usages. Prenons un exemple bien senti. Vous viendrait-il à l’esprit que l’apprentissage de la conduite automobile, doive prioritairement se faire sur terrain verglacé avec, pour moniteur, un spécialiste des dérapages contrôlés. Certes, la chose peut se révéler utile quand les conditions hivernales le justifient, bien sûr, et que vous êtes un conducteur déjà expérimenté… Mais le problème, c’est quand on envisage systématiquement l’apprentissage de base en regard de ces situations extrêmes. Sans parler de ceux qui, à ce point alarmistes, vous conseilleraient ni plus ni moins de garder votre voiture au garage. Et puis, il y a les équipementiers. Concernant Internet, ils recommandent les outils de filtrage pour –pensent-ils- réduire à zéro le risque de la confrontation. Comme si un véhicule bardé des dernières options de sécurisation (ABS, air bag,…) autorisait désormais la conduite insouciante. Mieux vaut pourtant éviter l’accident que de piquer du nez dans le tableau de bord, fut-ce pour y être réceptionné par un coussin gonflable ! L’effet airbag… la pire illusion de sécurité, finalement peut-être.

Car si on veut véritablement apprendre la conduite responsable, on ne peut prétendre au risque zéro, mais plutôt assumer la confrontation à toute une série de situations qui, pour ne pas être dangereuses, nécessitent malgré tout l’apprentissage de la maîtrise. Bien sûr, je peux m’engager à ne jamais participer à des rallyes automobiles, je peux renoncer à la conduite sur terrain verglacé ou sur les autoroutes ou jurer mes grands dieux que jamais je ne dépasserai le 90 kilomètres à l’heure… toutes situations que l’on pourrait estimer limites, mais il reste qu’il me faut d’abord apprendre à sortir la voiture du garage, conduire en ville, rouler avec des passagers qui parlent de la pluie et du beau temps, parquer mon véhicule ou faire une marche arrière, … des apprentissages liés à une conduite au quotidien et que je n’appréhenderai pas uniquement sur un simulateur. La vraie éducation aux médias descend sur le terrain. Elle aborde toutes les situations d’usages au quotidien et quand elle décrit les situations de risques, car il y en a c’est vrai, elle en situe honnêtement la fréquence et, sans minimiser leur marginalité, les aborde avec justesse, sans complaisance ni dramatisation. Et donc… il faut apprendre en situation de roulage quotidien.

Téléphone, une action innocente

La chose est sans doute plus aisée quand on aborde les médias dits classiques, car plus personnes aujourd’hui n’en craint l’usage. Tous en connaissent les fonctionnements rudimentaires. Prenons comme illustration une première technologie de communication passée dans les moeurs de la plupart : le téléphone. Il ne fait pas (plus ?) peur… car on le maîtrise… et donc, on est très fier quand un petit enfant s’intéresse au clavier d’un GSM… et l’on applaudit la première conversation qu’il tient avec Papy ou Mamy… « Que du bonheur » dirait Arthur (celui de la télé). Pourtant, le téléphone. Il y aurait bien des choses à dire sur ses usages… Le métier de standardiste ne consiste pas seulement à faire transiter les communications vers les bons postes, ni à dévier l’appel quand l’interlocuteur demandé est absent. On le sait, la voix qui vous accueille au téléphone, c’est « le premier visage » de l’entreprise… Soigner cette présentation est crucial en marketing… De même, la précision avec laquelle vous garderez les coordonnées et raisons d’appel pour les communiquer fidèlement à celui qui n’a pas su réceptionner l’appel qui lui était destiné, ou la manière dont vous éconduirez celui que l’on vous a demandé de garder à distance… constitue un art véritable qui justifie une formation pour des usages professionnels. Une vraie conduite sur sol verglacé, là aussi ! Pourtant, pour l’utilisateur de base, l’usage du téléphone réclame aussi une approche éducative. Car il a ses modalités d’usage : l’entrée en matière, si elle se veut polie, réclame que vous vous présentiez brièvement, une fois le conventionnel « allo » prononcé. Le coup de téléphone est une intrusion dans la vie de l’interlocuteur, il s’agit donc de lui demander d’entrée de jeu si on ne le dérange pas. Et l’on ne se permettra plus d’appeler une fois atteinte une certaine heure de la soirée. L’honnêteté veut aussi que l’on ne travestisse pas son identité en appelant, attitude pourtant aisée du fait que l’on n’est pas vu de son interlocuteur. Ces règles de conduite –simples, il est vrai, surtout une fois qu’on les maîtrise- sont de véritables compétences à apprendre. Et ne soyons pas dupes, cette technologie permet aussi des dérapages qui sont, heureusement, assez rares. Pourtant, il ne viendrait l’idée à personne d’apprendre à téléphoner à un enfant en évoquant avec lui dès ces débuts, les usages limites de l’interphone : mystifications, mauvaises blagues, appels anonymes, menaces de mort au bout du fil… des choses qui existent aussi, il est vrai ! Mais à quelle échelle ?

Lire le journal, un jeu d’enfant

Continuons nos illustrations. Les mass médias réclament aussi une approche éducative « de base ». Le quotidien de presse écrite est un outil de communication grand public qui ne fait pas (plus ?) peur non plus. La masse des consommateurs en connaît le mode d’usage. Un enfant qui empoigne la gazette de papa sera observé du coin de l’œil avec sympathie. S’il entre en lecture, il suscitera l’admiration… Quel parent se précipitera alors pour lui retirer le journal des mains ou pour entamer avec son rejeton une diatribe sur « cette presse qui nous manipule » ? Et pourtant, sans envisager ces situations extrêmes qui posent aussi de vraies questions, que d’apprentissages déjà à mettre en place. Car, comme le téléphone, la compétence de lecture du journal réclame quantité d’activités d’Education au média presse écrite. Comment aborder le rubricage d’un quotidien ? À quoi identifier la hiérarchisation des infos ? Celle-ci est-elle nécessairement partagée par le lecteur ? Comment lit-on un article de presse ? Qu’est-ce qui caractérise un édito, une brève, un billet d’humeur, une chronique ? Comment le journaliste est-il lui-même informé et si rapidement, des infos qu’il présente ? Comment fait-il la sélection entre ce qu’il publiera et ce qu’il laissera là, par manque de place dans le nombre de pages imparti ? Pourquoi petites annonces, nécrologies et espaces publicitaires sont-ils si importants en regard du financement du journal ? En abordant toutes ces questions, on forme véritablement le lecteur à une appropriation du support et à l’analyse critique d’une intention éditoriale. Si on aborde cette compétence lecture de la presse dans un chassé-croisé avec des activités d’apprentissage de l’écriture journalistique (on apprend rarement à lire sans dédoubler cela de l’acte d’écrire)… alors le lecteur de presse écrite se placera plus facilement dans une situation de consommateur actif, interrogatif de tous les choix qui ont du être faits pour en arriver à produire un journal. Autant de réflexions qui le positionnent alors comme médiacteur. Il serait tendancieux, on le reconnaîtra, de ne parler de la presse qu’en évoquant « la théorie du grand complot » qui alimenterait une suspicion des plus stéréotypées à l’encontre de « tout ce qui se publie sous les auspices des grands groupes de presse ayant tous des intérêts cachés avec les multinationales et les politiques ».

Apprendre à lire et écrire le langage des médias est un acte d’alphabétisation. Il doit permettre de prendre connaissance de messages. Il doit aussi former à l’expression dans ces nouvelles formes de communication. Ce sont des chances à saisir. Autant de portes qui s’ouvrent pour être mieux en phase avec le monde qui nous entoure. Mais bien sûr, indépendamment de la dimension médiatique dont on parle ici, apprendre à s’exprimer en société et à y tenir sa place s’appuie sur une éducation où les valeurs d’humanisme et de citoyenneté ont toute leur importance. Ainsi, quand on déplore le fait que les internautes débutants n’hésitent pas à donner des renseignements personnels en ligne quand on le leur demande, il faut voir là d’abord un manque de prudence qui relève d’une lacune éducative globale. Certes, le média exploite cette insouciance, ce manque de réserve… mais le discours qui peut y pallier est d’abord éducatif et ne relève pas à proprement parler d’une démarche d’Education aux Médias.

Valeurs morales, un choix de société

Opter pour un certain degré d’intimité dans sa vie est un choix qui relève de la personne. Dans ce domaine, les médias interactifs et en réseaux offrent aujourd’hui de nouvelles possibilités. Vivre sa vie de façon largement exposée est devenu très facile. Au point que s’en deviendrait une norme même. Qu’on songe par exemple à l’explosion de la blogosphère. Gérer sa vie publique devient dès lors un challenge plus lourd à porter que de garantir la protection de sa vie privée. Les tentations sont fortes de succomber aux nouveaux usages qui publicisent largement l’individu dans ses actes quotidiens. C’est un nouveau fait de société. L’éducateur aux médias peut sensibiliser au fonctionnement des outils, notamment en en révélant le caractère insidieux (en termes de rapidité d’exécution, d’ampleur de dissémination, de facilité de reproduction…), mais il n’est pas en charge d’une instruction en matière de pudeur, de sens commun ou de morale. Tout au plus, peut-il éveiller aux conséquences des choix technologiques et de leurs usages poussés, il est vrai parfois, dans des proportions que d’aucuns jugeront excessives. Sa mission consiste à décrire des modalités de fonctionnements médiatiques et de la communication quand elles empruntent des vecteurs technologiques nouveaux. La réflexion critique qu’il met en œuvre s’appuie sur des démarches de dé-construction-reconstruction des processus, et des expérimentations de communication en situations réelles. Le jugement moral qui voudrait s’emparer de cette situation médiatique nouvelle est bien légitime dans une société qui ne souhaite pas nécessairement taxer de progrès toute évolution technologique qui aboutit. Mais ce jugement moral est extérieur à la démarche d’Education aux Médias qui aura déjà bien à faire avec l’identification critique des processus de communication médiatisée et de leurs implications interrelationnelles. Mobilisé par sa mission, l’éducateur aux médias sera pourtant un partenaire important du sociologue, du philosophe ou de l’éducateur civique.

S’exprimer à la lettre près

Prenons un exemple issu de la pratique Internet et ne le cherchons pas dans des usages limites qui, à nouveau, ferait percevoir l’Education aux Médias comme une démarche préventive et vaccinatoire. Choisissons une pratique quotidienne basique : l’envoi de courriers électroniques. Les adultes connaissent de longue date et maîtrisent à fond la dynamique des envois postaux. Quand il s’est agi d’apprendre à transférer cet usage commun par les voies de l’Internet, un certain nombre de modalités nouvelles ont dû être appréhendées. Mailing-list et publi-postage ont fait gagner un temps énorme aux secrétariats en charge de la correspondance, mais ce sont révélés des processus quelque peu complexes à mettre en place. La notion même de temps d’envoi a été revue puisque aujourd’hui, on est en mesure de s’envoyer et de répondre à un courrier plusieurs fois dans la minute, si on le souhaite. Et ce, avec des correspondants qui sont à l’autre bout de la planète. Cela n’a plus rien à voir avec l’usage postal qui réclamait parfois une attente de plusieurs jours entre deux interactions. La forme même de l’écriture s’en est aussi trouvée modifiée. Les entrées en matière et formules de politesse clôturant les habituels envois ont subi des mutations. Ils sont nombreux ceux qui clôtureront un envoi même quelque peu officiel par un « A+ » en lieu et place de la formule bien connue : « Veuillez agrée, Madame, Monsieur… ». Et sachez-le, de plus en plus, vous paraîtriez ringard de vous en offusquer. Par le fait même, la rédaction même d’une lettre qui a fait place à une communication en corps de texte a perdu beaucoup de sa qualité de mise en page…Et ceux qui utilisent la pièce jointe sans rien changer de leurs pratiques anciennes de rédaction doivent malgré tout libeller un message d’un nouveau genre pour accompagner cet envoi joint. Et donc la banalisation de cette forme de communication fait qu’aujourd’hui une naissance ou un décès empruntent ces voies standardisées. Avec des situations parfois difficiles à gérer : des personnes plus promptes à ouvrir leur boîte électronique sont averties et peuvent être réactives plus tôt que certains destinataires prioritaires qui semblent mis sur la touche étant donné leur lenteur à interagir. Et l’on ne parle pas ici des erreurs de manipulation qui peuvent entraîner des quiproquos, mais aussi parfois constituer des impairs regrettables : des envois à la mauvaise personne, des courriers transférés alors que l’auteur ne le souhaitait pas, etc.

Un vrai exercice de style

Tout cela réclame chez les débutants, un apprentissage des nouvelles modalités, non seulement techniques mais aussi de communication médiatisée. Au delà des apprentissages techniques, les observations de l’éducateur aux médias porteront sur les implications des choix médiatiques consentis et sur les effets produits du fait de l’ampleur des usages. Il est en effet des utilisateurs qui croient avoir fait le nécessaire une fois activé le bouton « envoyer ». Ils oublient, mais leur a-t-on appris, qu’il y a une différence entre « envoyer », « délivrer », « réceptionner », « télécharger », et finalement ouvrir un message. Ce qui explique que certains destinataires ne répondent pas dans l’instant, noyés qu’ils sont par des listes de mails non encore ouverts du fait d’un spam incessant… frustrant par le fait même l’envoyeur impatient ! Non, celui qui croirait que tout est simple n’a sans doute jamais accompagné en formation des débutants des nouvelles technologies. Pour le reste, redisons-le, l’Education aux Médias n’a pas à porter de jugement moral sur ces usages émergents qu’elle décrit de façon critique. Elle peut, elle doit sans doute, éveiller aux implications citoyennes et enseigner les processus conformes aux valeurs de société que l’on se choisit. Mais adhérer ou non à ces processus et limites dans les usages relèvent des choix de chacun à s’y conformer. Les anciens peuvent demeurer nostalgiques, mais il y a fort à parier que les demandes en mariage se feront demain –mais n’est-ce pas déjà le cas aujourd’hui- par mail ou par SMS. Et l’Education aux Médias doit y préparer, quoi que certains puissent regretter de la saveur des lettres parfumées d’antan, écrite à la main sur papier vélin.

Pas d’abord une question de qualité

En conclusion, deux exemples bien caricaturaux feront comprendre aisément la finalité que nous reconnaissons à l’Education aux Médias : la publicité et la télé réalité. Voilà deux contenus médiatiques qui réclament une appropriation de leur processus de mise en œuvre, pour rendre le spectateur, acteur avisé. Cela relève clairement de l’Education aux Médias que d’expliquer ce qui fonctionne dans ces deux scénarios de communication, et comment ils produisent quels effets sur le spectateur. Par une approche éducative adaptée, on pourra donc initier à la compréhension du processus médiatique : comment parler d’un produit ou d’un service pour convaincre des clients. Que proposer comme scénario de pseudo réalité télévisée pour entrer dans les catégories modernes de divertissement télévisuels ? Au delà de cette compréhension critique qui se basera notamment sur des exercices de déconstruction de publicités ou d’émissions de télé réalité, mais aussi par la conception de scénarios plausibles de nouvelles publicités ou d’émissions de télé réalité, on en viendra à comprendre « ce qui se passe dans la tête du spectateur, quand ça se passe ». Reste que le choix de continuer à consommer ce type de produits médiatiques, d’adhérer à ses messages et de ressentir conviction ou divertissement à leur projection… demeure du libre choix de tout spectateur averti.

Garder la communication ouverte

D’autant qu’il faut aussi ajouter que les discours alarmistes et à tendance vaccinatoire qui réclament de l’Education aux Médias qu’elle fasse de la prévention basée sur de la peur ou de la dénonciation, ne constituent pas un discours convainquant auprès des jeunes. Trop souvent, par manque de nuance, ces discours à l’emporte-pièce qui crient « au loup » donnent plutôt aux jeunes l’impression que les adultes n’y connaissent rien et s’affolent inconsidérément [2]. La réaction est immédiate et largement répandue : les jeunes, utilisateurs des médias, se renferment silencieusement sur leurs usages et mentent aux adultes quand ceux-ci les interrogent, de sorte à avoir la paix. La chose pourrait être sans conséquence regrettable si cela apportait –même faussement- la paix dans les ménages. Le problème, c’est que la rupture de parole entre les générations ne garantit plus les échanges, le jour où la nécessité s’en ferait réellement sentir.

La seule Education aux Médias qui soit, doit impérativement garder ouverts le contact et la communication sur les expériences vécues par les débutants, jeunes et moins jeunes, avec leurs aînés et éducateurs. C’est par le partage des expériences, dont certaines peuvent, il est vrai, être parfois difficiles jusqu’à s’avérer traumatisantes, que l’on pourra mettre des mots sur les effets et en atténuer la force si ceux-ci sont dommageables. Sinon, on en restera à l’auto apprentissage, et à la validation par les pairs… ce qui est, il est vrai, la façon la plus répandue actuellement d’apprendre les médias. Mais doit-on pour autant s’en contenter ?

Michel BERHIN

Février 2011

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