Outil d’animation

ALVEHO : Questionner le rôle des algorithmes de recommandation

Les algorithmes de recommandations jouent un rôle prépondérant dans notre vie connectée. Ils nous facilitent souvent la vie, mais mettent aussi à mal notre libre arbitre. Issu du projet de recherche Alg-Opinion et développé pour l’Éducation Permanente, cet outil s’appuie sur la plateforme ALVEHO. En offrant la possibilité à l’utilisateur·rice d’agir sur certains critères qui régissent la hiérarchisation de l’information sur le site, ALVEHO rend davantage visible les effets potentiels d’un algorithme de recommandation sur l’accès à l’information.

La naissance d’Internet fut bercée d’utopies : cet espace virtuel s’est rêvé indépendant, libre et ouvert, affranchi d’enjeux financiers et de pressions politiques. À cet idéal technophile a répondu une autre posture, platement technophobe, dénonçant Internet pour l’enfermement idéologique et informationnel qu’il imposerait, pointant le capitalisme débridé qui s’y déploie. Comment situer sa propre utilisation du numérique entre ces deux perceptions radicales ? Quel rôle spécifique les algorithmes de recommandation jouent-ils dans le conditionnement de nos libertés ?

Des algorithmes tout puissants ?

Ces algorithmes sont souvent envisagés comme les agents infiltrés des GAFAM, tapis dans l’ombre pour ausculter nos clics, puis les exploiter pour générer du profit. Leur action concrète est difficile à mesurer : les interfaces numériques sont opaques, elles ne rendent pas visibles les mécanismes qui régissent leur fonctionnement.

Les algorithmes se basent sur nos expériences de navigation pour prédire les contenus qui nous intéresseront le plus. Ils s’inspirent aussi des explorations d’individus « qui nous ressemblent », et supposent des intérêts similaires. Leur rôle est finalement assez simple : faciliter notre expérience et, surtout, s’assurer de notre assiduité sur la plateforme en question. Le système qui régit la navigation connectée est celui d’une économie de l’attention. Au plus les algorithmes de recommandation sont performants, au plus longtemps nous resterons connectés à la plateforme en question, générant pour elle des revenus publicitaires.

Ces recommandations algorithmiques, nous les exploitons plus que de raison. Elles sont par exemple « à l’origine de 70 % des consultations de vidéos sur YouTube, soit 250 millions d’heures par jour dans le monde [1] ». Si nous sommes libres de produire et diffuser des contenus sur cette plateforme, et le sommes a priori tout autant pour ce qui est d’en consulter, les algorithmes font office d’intermédiaire. Ils font émerger une infime partie de l’iceberg, celle qui nous plaira le plus, et pas nécessairement la plus « qualitative ». A été dénoncée ces dernières années la malice avec laquelle ils nous « forcent » à rester dans une zone de confort, en évitant de nous confronter à des contenus en divergence avec nos opinions. Constatant la popularité des contenus qui « clivent » et font débat, ils sont aussi responsables de la diffusion de contenus douteux. Ils reproduisent les systèmes de domination à l’œuvre dans nos sociétés, pour offrir un « confort » à la majorité des utilisateurs. Les algorithmes ne s’encombrent pas d’éthique.

Des internautes si passifs ?

Sommes-nous alors enfermé·es dans des usages « programmés » pour nous ? La perception monolithique d’utilisateur·rices lobotomisé·es face à leur écran a fait long feu. Le travail de recherche Alg-opinion, mené conjointement par l’UCLouvain et l’Université Saint Louis (Bruxelles) a mis en évidence l’impact relatif des algorithmes de recommandation sur la construction de nos convictions. Si les fameuses « bulles de filtres » ne seraient pas si dangereuses qu’on aurait pu le croire, une démarche éducative s’impose pourtant, afin d’identifier les rouages que masquent nos applications favorites. Car face à la froideur « intéressée » des machines, nous pouvons opposer deux démarches. L’une s’appuie sur des actions explicites : les clics, partages et valorisations de contenus nous appartiennent et doivent faire l’objet de choix conscients. L’autre exploite une posture implicite : en se mettant dans la peau d’un·e autre, on peut « pervertir » les algorithmes, se réapproprier une liberté d’action et ré-enchanter le hasard [2]. Mais c’est aussi aux géants du web qu’il faut signifier une envie de changement, et militer pour qu’ils éduquent leurs algorithmes à autre chose que la valorisation de contenus publicitaires.

Et si on pouvait rendre les algorithmes plus dociles ?

L’outil d’animation ALVEHO s’appuie sur une plateforme convoquant les contenus informationnels de la RTBF. Étape par étape, le groupe de participant·es a l’opportunité d’identifier l’action des algorithmes et de « prendre la main » sur leur paramétrage. Qu’arrive-t-il à notre fil d’info lorsqu’on change nos préférences ?

Télécharger l’outil d’animation

Cet outil d’animation trouve son ancrage à la fois dans une recherche de terrain, une rencontre entre chercheurs, acteurs des médias et experts en éducation aux médias, et des expérimentations avec les publics d’adultes, réalisées par Média Animation. Il a pour vertu d’intégrer toute démarche réflexive avec des groupes d’adultes sur cette thématique. Il contient des informations pour appréhender la plateforme, des ressources théoriques pour se familiariser avec la thématique, ainsi qu’un descriptif de l’animation, étapes par étapes.

L’équipe de Média Animation est par ailleurs disponible pour mener cette activité directement avec votre public, ou accompagner formateur·rices et animateur·rices pour qu’ils et elles se l’approprient. Pour toute info complémentaire : b.guffens@media-animation.be

Demander des identifiants

La plateforme ALVEHO comporte une version découverte, accessible à tous et toutes. Mais pour mener l’activité avec un groupe, avoir accès au fil d’actualité « du jour » et avoir accès à tous les paramétrages, il convient de faire une demande d’identifiants via le formulaire en bas de cette page (s’y prendre à l’avance pour être sûr·e de recevoir les codes d’accès dans les temps).

Cet outil a été créé dans le cadre du projet de recherche Alg-Opinion (USL-B — UCL, en collaboration avec Média Animation et la RTBF) et financée par Innovirirs – Prospective Research for Brussels. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

[1Le Monde, L’algorithme de recommandation de YouTube critiqué pour sa mise en avant de contenus extrêmes, Paris, Le Monde, 16/10/2019.

[2https://www.algopinion.brussels/

Demande d’identifiant alveho

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